Berne: Caritas et l’Armée du Salut perdent leur mandat dans le domaine de l’asile
Le canton de Berne réorganise la prise en charge des demandeurs d’asile et des réfugiés, en diminuant de 13 à quatre les organismes mandatés à cet effet. La nouvelle, communiquée à la fin du mois d’avril a suscité un écho important, y compris hors du canton. Pour les membres du groupe de travail Église et œuvres de « Diaconie Suisse », cette procédure d’attribution est le signe de l’économicisation* croissante du secteur social.
L’annonce du canton de Berne est dure à avaler pour Caritas, l’Armée du Salut ou Asile Bienne Région, qui ont perdu leur mandat et devront licencier plusieurs centaines de collaboratrices et collaborateurs. On peut espérer toutefois que les gagnants de cet appel d’offres, en particulier la Croix-Rouge suisse, prendront ces personnes qualifiées à leur service. La Croix rouge suisse opérera dans les régions du Mittelland, du Seeland, de Bienne et du Jura bernois, à la place d’Asile Bienne Région.
Une décision fait couler beaucoup d’encre : pour la région Emmental – Haute Argovie, le canton a attribué le mandat à ORS Service SA, une entreprise privée à but lucratif. Cela suscite des réactions mitigées, entre ceux qui craignent que l’entreprise fasse un bénéfice sur le dos des plus faibles au détriment de la qualité et du professionnalisme de la prise en charge et ceux qui se réjouissent qu’une entreprise privée fasse la preuve qu’il est possible de travailler efficacement dans ce domaine (et sans émettre de critiques envers le canton, ce que les œuvres d’entraide se permettent parfois).
Avec cette réorganisation, le conseiller d’État en charge du dossier – l’UDC Pierre-Alain Schnegg – veut simplifier les structures et les adapter aux procédures accélérées au plan fédéral mises en place par le Secrétariat d’État aux migrations (SEM). Faut-il lui reprocher d’avoir délibérément éliminé les organisations Caritas et Armée du Salut ayant une base confessionnelle, le Centre social protestant ressortant lui aussi les mains vides de cette procédure ? Reste à espérer que les Églises bernoises qui « discutent » depuis des années avec le canton de Berne par le biais de l’Office de consultation sur l’asile (en allemand : Kirchliche Kontaktstelle für Flüchtlingsfragen) resteront vigilantes !
Les mesures d’intégration portent leurs fruits
La nouvelle réorganisation dans le canton de Berne doit aussi favoriser l’insertion des demandeurs d’asile et des réfugiés sur le marché du travail. Bonne nouvelle : en un an, le taux d’emploi des réfugiés en âge de travailler en Suisse s’est considérablement amélioré, les mesures d’intégration portent aujourd’hui déjà leurs fruits. Selon les chiffres du SEM. Plus de 32% des réfugiés occupent un emploi en mars 2018, contre 27% une année auparavant. Le SEM attribue cette évolution positive à l’intensification des mesures d’intégration. Il évoque les préapprentissages d’intégration – en vigueur depuis l’été dernier dans 18 cantons – mais aussi la simplification des procédures pour les employeurs et l’engagement des communes.
Il faut toutefois noter que la majeure partie de ces réfugiés qui travaillent ont des emplois précaires qui ne leur permettent pas d’être autonomes financièrement. En 2017, le taux d’assistance sociale parmi les réfugiés dépassait les 86%.