Concept de diaconie de l’Église réformée du canton de Lucerne

Concept de diaconie de l’Église réformée du canton de Lucerne

La diaconie s’engage en faveur du droit et de la justice dans le souci de la dignité de chaque individu, souligne le concept « Blickpunkt Diakonie » de l’Église réformée de Lucerne. Son objectif est une « justice globale ». Publication du cinquième et dernier concept de diaconie d'une Église membre de la FEPS.

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Concept de diaconie de l’Église réformée du canton de Lucerne

Nous publions aujourd’hui le cinquième (et dernier) concept de diaconie « Blickpunkt Diakonie » d’une des Églises membres de la FEPS, celle du canton de Lucerne: la diaconie s’engage en faveur du droit et de la justice dans le souci de la dignité de chaque individu. Son objectif est la poursuite d’une « justice globale ».

« La voie de la diaconie est empruntée par des personnes qui partagent la vision d’un monde humain et juste », relève le concept de diaconie des réformés lucernois. Sa conclusion joliment formulée pourrait servir de slogan pour la diaconie en général : « Diakonie sucht Menschen auf, kommt auf sie zu und ist ihnen nahe » (La diaconie va au-devant et à la rencontre des gens et est proche d’eux).

Débuts des réflexions en 2010 déjà
En 2010, le Conseil synodal de l’Église réformée du canton de Lucerne a appelé à l’élaboration d’un concept de diaconie en tant qu’objectif de législature. Il entendait ainsi renforcer la diaconie et évaluer les thèmes diaconaux importants au regard de la constitution. Il a formé à cet effet un groupe de travail en veillant à ce que sa composition – une diacre, des pasteurs et des représentants des autorités de villes, de communes d’agglomérations et de communes rurales – permette de dégager une opinion fondée. Comme le souligne l’introduction du concept, la prise en compte de la situation individuelle sur place et la question de la faisabilité sont deux aspects qui ont influencé le travail du groupe et le document lui-même.

 

Matériel

« Depuis 2014, des diacres sont consacrés et installés par l’Église lucernoise. Le ministère pastoral et le ministère diaconal forment « un partenariat professionnel ». Compte tenu de leur formation, le domaine d’activité des diacres se concentre sur le travail social et communautaire.

Racines ecclésiales
De nos jours, le terme de diaconie est rarement utilisé en Suisse et presque exclusivement dans le contexte ecclésial. La diaconie « est enracinée dans la tradition de l’Église, elle agit dans le présent en contact direct avec les gens, et renvoie par son action et par sa voix à sa vision placée sous le signe de la justice, la paix et la dignité humaine », relève le concept lucernois. « Ainsi, la diaconie est une mission fondamentale de l’Église qui nous appelle à rester en mouvement dans la vigilance et la sollicitude. »

Witikon; Wikimedia/Roland zh

 

D’égal*e à égal*e
La diaconie « soutient en particulier les personnes en détresse existentielle, se préoccupe de la santé psychosociale et favorise l’enracinement », note le concept. La participation et les contacts d’égal à égal jouent un rôle déterminant dans son action solidaire, qui part du principe de l’égalité de tous les êtres humains. La diaconie s’engage en faveur du droit et de la justice dans le souci de la dignité de chaque individu. » Elle aspire à une « justice globale », s’attache à identifier les situations de détresse et leurs causes, et s’efforce d’apporter des améliorations.

La personne en point de mire
La diaconie au sens du concept lucernois est tournée vers l’individu, intégrée dans l’Église et dans la société, et mise en œuvre en collaboration et en réseau avec des institutions et des organisations. Elle « prend position et encourage l’évolution des structures sociales ». Enfin, la diaconie unit des personnes dans le souci réciproque d’agir « avec les autres et pour les autres. »

 

Subsidiarité
Les personnes ayant besoin d’une consultation sociale subsidiaire à celle proposée par les services sociaux de l’État ont la possibilité de s’adresser au service de consultation de la paroisse de Lucerne. Grâce à leur autonomie et à leur enracinement sur le terrain, les paroisses « peuvent réagir aux processus de changement et aux défis qui en résultent au niveau local, et adapter leurs offres en conséquence. » Elles cherchent toutefois de plus en plus à travailler en réseau avec les communes concernées et les organisations de la société civile. Par ailleurs, conformément à leur mission, elles « prennent publiquement position en faveur des personnes et groupes de personnes défavorisés.

De nombreux facteurs compliquent le travail diaconal
Les transformations de la société se répercutent aussi sur les conditions cadres de la diaconie, souligne le concept. Ainsi, Lucerne compte de plus en plus de personnes « dont les conditions de vie sont marquées par l’absence de structures ou d’attaches et qui se sont repliées sur soi, ont perdu leurs racines et vivent dans la solitude. » Les paroisses elles-mêmes sont touchées par ces transformations sociales : par exemple, la recherche de bénévoles représente aujourd’hui un grand défi. De nombreux facteurs compliquent ainsi le travail diaconal. Face à cette situation, l’Église dans son ensemble est appelée « à reconsidérer la place de la diaconie, à lui affecter les ressources correspondantes et à lui donner l’espace dont elle a besoin. » Aujourd’hui, souligne le concept, les Églises sont avant tout perçues dans l’opinion publique comme des prestataires de services sociaux. « Cela représente à la fois un défi et une opportunité de définir le rôle de la diaconie dans l’État social en mettant des accents réformés. »

Matériaux