À l’occasion de la Journée internationale des soins et de l’aide à la personne, Eurodiaconia, l’organisation faîtière paneuropéenne de la diaconie, a publié un nouveau rapport sur le recrutement et la fidélisation des employés dans le secteur des soins de longue durée. L’organisation souligne l’aggravation de la situation dans de nombreux pays européens : la demande de services augmente, tandis que des postes restent vacants, ce qui met les établissements sous pression. Selon le communiqué, la publication rassemble « des données, des preuves et des expériences provenant de nos organisations membres afin de présenter les principaux défis, les bonnes pratiques et les recommandations politiques ».
Intitulé « Addressing the challenges in recruitment and retention of Care Workforce in Europe: Best practices across Diaconia organisations » (Relever les défis du recrutement et de la fidélisation du personnel soignant en Europe : bonnes pratiques au sein des organisations diaconales), le rapport aborde deux aspects : il décrit les obstacles structurels rencontrés au quotidien par les équipes soignantes et d’accompagnement, tout en proposant des pistes pour que les organismes responsables et les responsables politiques puissent rendre le secteur plus attractif. Il mentionne notamment le manque de candidats qualifiés, la faible valorisation sociale persistante du travail de soins, la charge de travail élevée pouvant conduire au burn-out, les risques pour la santé, les horaires de travail imprévisibles, les salaires trop bas et les contrats à durée déterminée, ainsi que les cas d’agressions verbales ou physiques et l’absence de politique d’inclusion. En résumé, ces facteurs ont exacerbé la fluctuation du personnel et rendu difficile la fidélisation des professionnels expérimentés.
En réponse à cela, le rapport rassemble onze approches pratiques issues des organisations membres : des stratégies globales en matière de sécurité au travail et de prévention sanitaire aux programmes de mentorat structurés, en passant par coopérations avec des écoles et des centres de formation, des parcours professionnels clairs et une formation continue, en passant par des modèles de planning améliorés, un allègement numérique de la documentation, des styles de management participatifs, des centres de formation propres aux membres d’Europe du Nord, des programmes de diversité et d’inclusion bien établis et une reconnaissance visible de la profession. L’objectif est d’améliorer sensiblement les conditions afin de retenir les professionnels qualifiés et d’en attirer de nouveaux.
Sur le plan politique, Eurodiaconia lance trois appels à l’action : aux gouvernements nationaux et régionaux, afin qu’ils renforcent les professions infirmières par des campagnes, augmentent les investissements et les salaires, encouragent la formation continue, développent des plans de carrière et facilitent les voies juridiques pour un recrutement international éthique ; à la Commission européenne, afin qu’elle renforce la reconnaissance mutuelle des qualifications, utilise les fonds européens de manière ciblée pour le développement du personnel, intègre des critères sociaux dans les marchés publics et établisse une architecture ambitieuse d’objectifs et d’indicateurs fondée sur les droits pour les soins de longue durée ; aux prestataires de services et à la société civile de recruter de manière inclusive, d’impliquer les employés dans les décisions, de promouvoir l’apprentissage transfrontalier et d’assouplir les horaires de travail.
Le rapport replace les conclusions dans le contexte européen : le vieillissement de la population entraînera une forte augmentation des besoins en soins de longue durée d’ici 2050, tandis que les effectifs diminueront. Du point de vue de l’association, il apparaît que sans de meilleures conditions cadres, une meilleure reconnaissance et un développement professionnel, le secteur continuera à perdre de son attrait, ce qui aura des conséquences sur la qualité, la fiabilité et la dignité des soins.
