Genève : Groupe de paroles pour enfants dont les parents se séparent

Genève : Groupe de paroles pour enfants dont les parents se séparent

Cinq mercredis de suite, des enfants de 4 à 12 ans se réunissent pendant deux heures pour exprimer leur ressenti face à la séparation de leurs parents. Proposé par l’Office protestant de consultations conjugales et familiales (OPCCF), ces groupes de parole qui réunissant entre 4 à 6 participants de la même tranche d’âge sont animés par deux thérapeutes. Un entretien préalable ainsi qu’un second à l’issue des séances avec les parents encadrent les rencontres.

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Genève : Groupe de paroles pour enfants dont les parents se séparent

Cinq mercredis de suite, des enfants de 4 à 12 ans se réunissent pendant deux heures pour exprimer leur ressenti face à la séparation de leurs parents. Proposé par l’Office protestant de consultations conjugales et familiales (OPCCF), ces groupes de parole qui réunissant entre 4 à 6 participants de la même tranche d’âge sont animés par deux thérapeutes. Un entretien préalable ainsi qu’un second à l’issue des séances avec les parents encadrent les rencontres.

 

 

 

Rencontre avec Sylvia Thodé

 

Qui prend l’initiative de faire participer les enfants à ces groupes ?

Ce sont essentiellement les parents qui prennent contact avec nous, car ils sont en souci pour leurs enfants et ressentent pour la plupart un sentiment de culpabilité de leur infliger une séparation. Certains parents s’inquiètent de ce que l’enfant pourrait ressentir surtout s’il peine à s’exprimer ou tend à se renfermer. Et d’autres veulent prévenir, être sûrs que leur enfant a un endroit où il peut déposer ce qu’il vit.

Comment se déroulent les séances ?

Les cinq rencontres avec les enfants commencent par un rituel de présentation où les petits parlent de la situation dans leur famille. Puis, nous lisons une histoire en lien avec la thématique du jour suivi d’une discussion et d’une activité de bricolage. Les réunions se terminent par un goûter autour d’un conte choisi par les enfants.

Lors de la première réunion, nous abordons l’histoire de la séparation. Qu’est-ce que l’enfant a compris ? L’activité consiste à dessiner une petite bande dessinée représentant la situation avant, pendant et après la séparation. Parfois chez les très jeunes, on remarque qu’ils ont de la peine à intérioriser le fait que leur papa et leur maman ne vivent désormais plus ensemble. Pour les enfants qui ne sont pas à l’aise avec le dessin, nous utilisons des playmobil et des maisons de poupées où ils peuvent représenter les situations.

Les autres thèmes concernent les émotions, l’estime de soi, les ressources et la famille élargie. Par rapport à la question des ressources, nous utilisons la technique du rêve éveillé. Les enfants sont allongés par terre et ferment les yeux. Nous les amenons à imaginer un animal de leur choix qui les rassure et les protège. Ensuite, ensemble nous matérialisons cet objet en le dessinant sur du plastique qui rétrécit lorsqu’il est chauffé. Ils repartent chez eux avec leur animal et nous leur expliquons que lorsqu’ils se sentent tristes où que quelque chose leur fait peur, ils peuvent se rappeler ce moment rassurant et confier leurs soucis à leur animal.

Nous ne cherchons pas à interpréter les discours des enfants, l’important est qu’ils aient un espace où déposer ce qu’ils vivent et qu’ils entendent ce que les autres vivent. Ceci leur permet non seulement de comprendre qu’ils ne sont pas seuls dans cette situation, mais aussi qu’il y a différentes étapes dans la séparation.

Comment les enfants réagissent-ils face au fait de devoir y participer ?

Au début, ils sont très timides. On demande toujours aux parents de leur parler du groupe et nous nous assurons que les petits sont d’accord d’y participer. Les enfants savent dans les grandes lignes qu’ils viennent pour parler de la séparation de leurs parents, mais parfois certains peuvent être boudeurs ou agités et là, c’est important d’être à deux pour pouvoir continuer la séance alors que l’autre animatrice discute à part avec celui qui a besoin de plus d’attention. Lors de la dernière rencontre, ils expriment leur regret que ce soit terminé. D’ailleurs, les parents nous disent combien leur enfant a du plaisir à venir et parle positivement de ce qui se passe dans le groupe.

Quelle est la dynamique entre les enfants ?

Les enfants ont très rapidement des interactions entre eux. Les échanges se font vite et naturellement.

Quels changements peut-on observer chez les enfants après les cinq séances ?

D’après ce que nous disent les parents, l’enfant se sent plus léger. D’ailleurs, nous constatons qu’ils sont contents de revenir et d’interagir avec leurs copains. Je crois que le fait de pouvoir s’exprimer dans un lieu neutre où ils ne sont pas jugés, de clarifier leurs émotions en mettant des mots sur ce qu’ils vivent leur fait beaucoup de bien. Le but de ces rencontres est vraiment de montrer à l’enfant qu’il n’est pas seul à vivre la séparation de ses parents, qu’il peut dire les choses sans aucun enjeu et qu’il a ses propres ressources. Parfois, les rencontres leur permettent aussi d’exprimer des choses qu’ils n’osaient pas dire à leurs parents.

 

Sylvia Thodé, conseillère conjugale et thérapeute de couple

La banalisation du divorce par la société rend-elle la situation plus facile à vivre pour les enfants ?

Non. À chaque séparation, c’est tout le monde de l’enfant qui s’écroule. Une rupture est comme un tsunami pour tous les membres de la famille et il faut un certain temps jusqu’à ce qu’ils arrivent à reconstruire de nouveaux repères. Et si la séparation est conflictuelle, c’est d’autant plus difficile pour l’enfant. La banalisation du divorce se passe dans la société, mais les effets émotionnels sur chacun des membres continuent à être tout aussi douloureux. Tout cela nécessite un nouveau rééquilibrage qui prend du temps. Il faut faire le deuil de ce qui a été pour ensuite reconstruire quelque chose de nouveau.

Les prestations de l’OPCCF sont-elles remboursées par les assurances ?

Non, pas pour l’instant en tout cas et il n’en est pas question pour les groupes d’enfants qui ne sont pas thérapeutiques. On demande aux parents une contribution fixée en fonction de leur revenu et comprise entre 100 et 300 francs par enfant pour l’ensemble des séances du groupe de parole. Cette prestation ne pourrait pas exister sans le soutien financier d’une fondation privée qui prend en charge la presque totalité des coûts. Il est ainsi possible de trouver un arrangement pour les parents disposant d’un budget modeste.

Source : Laurence Vittoz, ProtestInfo

 

L’Office protestant de consultations conjugales et familiales

Créé en 1946 par l’Eglise protestante de Genève (EPG), l’Office protestant de consultations conjugales et familiales est une association laïque, au service de tous, sans distinction d’origine, de confession, d’orientation sexuelle et de revenu. L’OPCCF propose des consultations aux couples et aux familles qui font face à une situation difficile ainsi que des formations aux professionnels. Ses activités sont financées par les contributions des clients, par des subventions de l’Etat de Genève, le soutien de l’EPG ainsi que par les dons des communes et des particuliers.

Les groupes de paroles pour les enfants dont les parents sont séparés ou divorcés sont organisés en fonction des demandes. Ce ne sont pas des groupes thérapeutiques, mais des groupes de parole. Ce qui se passe dans le groupe est confidentiel et cela appartient à l’enfant d’en parler ou pas avec sa famille. Par ailleurs, l’OPCCF est membre d’un collectif de sept associations genevoises qui organise des soirées mensuelles à l’intention des parents centrées sur les besoins de l’enfant dans la séparation.
(
www.enfant-et-separation.ch)

Autres groupes de parole pour enfants
en Suisse romande

D’autres institutions proposent également des groupes de parole pour enfants de parents séparés, notamment:

Matériaux