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Les écarts salariaux continuent à se creuser en Suisse

Juil 8, 2019 | Politique sociale, Questions de genre et d’égalité, Travail et intégration professionnelle

Depuis plus d’une décennie, le syndicat Travail.Suisse étudie l’évolution des salaires des managers. Le bilan de la quinzième enquête est mitigé : dans la plupart des entreprises examinées, l’écart salarial se creuse. Les responsables s’octroient de généreuses augmentations de salaire, alors que la pression sur les salaires, l’insécurité et la peur de perdre son travail augmentent pour les bas revenus. L’initiative adoptée contre les rémunérations abusives (« initiative Minder ») ne parvient pas à contrer cette tendance. Les mesures mises en œuvre dans la révision du droit de la société anonyme ne sont pas assez efficaces.

C’est la quinzième fois consécutive que Travail.Suisse enquête sur l’écart salarial entre les salaires les plus bas et les plus hauts, dans 26 entreprises suisses. L’évolution est inquiétante : si le niveau de rémunération des CEO reste stable par rapport à l’année dernière, celui des autres membres des directions des groupes ont généreusement augmenté de 7% en moyenne. Depuis 2011, les salaires à l’étage de la direction ont augmenté de 19%, alors que les travailleurs « normaux » ont dû se contenter, durant la même période, d’augmentations salariales de 4,3%. Les écarts salariaux moyens dans les entreprises continuent donc de se creuser. En 2011, il était encore de 1 à 45 et il a progressé jusqu’en 2018 pour arriver à environ 1 à 51. Cette évolution n’est pas du tout une exclusivité des plus grandes entreprises des branches financières et pharmaceutiques, on la retrouve, en effet, dans toutes les branches.

Lacunes du droit des sociétés anonymes
Du point de vue de Travail.Suisse, des lacunes dans le droit des sociétés anonymes sont responsables de cette évolution :

  • manque de transparence : les rémunérations des membres de la direction des groupes ne doivent pas être indiquées individuellement. Les versements supplémentaires dans les caisses de pension des membres des directions des groupes restent également un point opaque ;
  • approbation incohérente de boni, avant de disposer des résultats de l’activité ; cela contredit la logique d’une rémunération basée sur une prestation ;
  • contournements : les rémunérations d’entrée et de départ devraient être interdites, mais elles sont maintenues sous forme de primes d’entrée.
  • absence de limite pour les boni.

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