Les réseaux sociaux, lieu de fuite pour enfants en difficulté

Les réseaux sociaux, lieu de fuite pour enfants en difficulté

Près d’un jeune de 11 à 15 ans sur quatre « fuit » souvent les réseaux sociaux pour échapper à des sentiments négatifs. Quatre enfants sur cent ont une consommation problématique des réseaux sociaux. Une enquête nationale menée par Addiction Suisse auprès des élèves apporte un nouvel éclairage sur leur utilisation des écrans.
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Les réseaux sociaux, lieu de fuite pour enfants en difficulté

Sep 7, 2020 | Enfants, familles, Magazine, Questions de genre et d’égalité, Santé, accès aux soins

Près d’un jeune de 11 à 15 ans sur quatre « fuit » souvent les réseaux sociaux pour échapper à des sentiments négatifs. Quatre enfants sur cent ont une consommation problématique des réseaux sociaux. Une enquête nationale menée par Addiction Suisse auprès des élèves apporte un nouvel éclairage sur leur utilisation des écrans.

Smartphones et autres écrans occupent indéniablement une place importante dans le quotidien des ados, le temps qui leur est consacré augmentant avec l’âge. Alors que celui-ci est resté assez stable les jours d’école entre 2014 et 2018, il a augmenté le week-end, surtout chez les garçons.

Difficultés avec l’utilisation des réseaux sociaux
Les jeunes de 11 à 15 ans indiquent avoir eu des difficultés avec l’utilisation des réseaux sociaux comme Snapchat, Instagram ou Twitter au cours des douze derniers mois. Parmi les difficultés rencontrées, on note entre autres :

  • les vaines tentatives pour passer moins de temps sur ces réseaux (filles : 37,5% ; garçons : 23,7%) ;
  • une fréquente utilisation de ces réseaux pour échapper à des sentiments négatifs (filles : 33,3% ; garçons : 22,7%) ;
  • un sérieux conflit avec les parents ou les frères et sœurs à cause de l’utilisation de ces réseaux (filles : 18,2%; garçons : 14,6%).

Les ados ayant des difficultés à gérer leur consommation d’écran évoquent les difficultés suivantes :

  • manque de soutien de la part de leur famille ;
  • insatisfaction envers leur vie en général et leur état de santé, jugé moyen à mauvais ;
  • présence de troubles physiques chroniques comme des maux de tête ou de dos) ou psychoaffectifs chroniques (fatigue, difficultés à s’endormir) ;
  • consommation de substances psychoactives régulière, en particulier le tabac (au moins une fois par semaine), mais aussi alcool (au moins une fois par semaine) et cannabis (au moins trois jours dans les 30 derniers jours)
  • consommation d’aliments non recommandés plus d’une fois par semaine, en particulier les boissons énergisantes.

À noter qu’il s’agit là de liens statistiques, et non de relations de cause à effet.

Harcèlement dans l’espace virtuel
Le cyber-harcèlement se caractérise entre autres par la diffusion de messages et de « posts » méchants ou de photos inconvenantes. Une photo inappropriée peut ainsi devenir virale et rester longtemps sur le net. Pratiquement un ou une jeune de 11 à 15 ans sur dix indique avoir été harcelé-e au moins une ou deux fois dans l’espace virtuel au cours des derniers mois (filles : 11,5% ; garçons : 6,4%), alors que 5% environ (filles : 4,0% ; garçons : 5,2%) disent avoir harcelé quelqu’un dans l’espace virtuel au moins une ou deux fois au cours de cette même période.

Comment les 11 à 15 ans communiquent sur internet
On relève certaines différences entre les sexes: les jeux vidéo sont nettement plus appréciés des garçons, qui regardent en outre un peu plus souvent des vidéos, alors que les filles consacrent plus de temps à d’autres activités sur les écrans (devoirs, surfer sur internet, réseaux sociaux, p. ex.).

Plus de la moitié des 11 à 15 ans indiquent discuter en ligne plusieurs fois par jour ou presque toute la journée, c’est-à-dire envoyer et recevoir des messages ou des émoticônes, des photos, des vidéos ou des messages vocaux (filles : 59,7% ; garçons : 52,1%). Ils disent le faire essentiellement avec leurs meilleurs amis et amies. Les parents, frères et sœurs, camarades de classe ou enseignants sont mentionnés nettement moins souvent, alors que les connaissances faites en ligne ne jouent qu’un rôle mineur.

La grande majorité des élèves discutent plutôt face à face de leurs soucis, secrets et sentiments. Une minorité seulement préfère nettement utiliser les écrans pour cela (filles : 7,7% ; garçons : 6,7%). La Suisse se classe parmi les pays participants où cette préférence est la moins répandue.

Guide pour les parents
Addiction Suisse soutient les parents en leur proposant un guide les aidant à accompagner leurs enfants à utiliser les écrans de manière judicieuse : quels sont les risques liés à l’utilisation des écrans ? Qu’est-ce qu’une utilisation « raisonnable», où fixer la limite ? Comment trouver le juste milieu en matière de règles éducatives ?

Flyer en 16 langues
La plate-forme Jeunes et médias consacrée à la promotion des compétences médiatiques donne une foule de recommandations selon l’âge des enfants, et ce en 16 langues.

Enquête « HBSC Suisse »
L’enquête concerne les comportements de santé et les styles de vie des élèves des classes de 5e à 9e année scolaire (7e à 11e HarmoS), âgés pour la plupart entre 11 et 15 ans. Conduite tous les quatre ans sur la base d’un échantillon national représentatif, elle permet d’établir à intervalles réguliers un état des lieux de la situation des élèves en Suisse et de mettre en évidence des changements de comportements au fil du temps. Les résultats de l’enquête 2018 viennent d’être publiés et donnent un aperçu de l’utilisation des écrans et des réseaux sociaux par les enfants d’âge scolaire.

Addiction Suisse a mené l’enquête « HBSC Suisse » (pour Health Behaviour in School-Aged Children) pour la neuvième fois en 2018. Sous l’égide de l’OMS, le questionnaire écrit est composé de questions internationales élaborées par des experts des pays participants, et de questions nationales, destinées à couvrir plus largement certains thèmes spécifiques. Pour des raisons éthiques, certaines questions – relatives notamment à la consommation de drogues illégales ou à la sexualité – ne sont destinées qu’aux élèves de 8e et 9e année. Le questionnaire est rempli en classe durant une heure de cours ordinaire. La participation des élèves est volontaire et leurs réponses sont strictement anonymes. L’enquête fournit ainsi aux autorités fédérales et cantonales des points de repère dans le domaine de la politique de santé et assure une base scientifique aux projets de promotion de la santé aussi bien en milieu scolaire qu’extra-scolaire. Elle se révèle aussi particulièrement importante lors de l’élaboration de mesures de prévention.

Image symbolique, Anastasia Grey, Pixabay

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