Voici le texte de la prise de position :
On compte, en 2022, plus de 89 millions de personnes déracinées par la guerre, la persécution, la misère et les catastrophes climatiques. 83% des réfugiés sont accueillis dans les pays attenants à leur patrie dans des régions qui ne sont pas toutes prospères. Seuls 14% des réfugiés cherchent une terre d’asile dans les pays occidentaux, et seulement une petite part d’entre eux en Suisse. La guerre en Ukraine a aussi entraîné un flux de personnes cherchant refuge ailleurs et depuis février 2022, plusieurs millions de familles et personnes Ukrainiennes ont été enregistrées à travers l’Europe.
Nous sommes conscients du fait que, tant les organismes d’État concernés, que nos paroisses et nombre de citoyens, font des efforts importants et conséquents dans l’accueil de ces personnes vulnérables. Nous leur en sommes reconnaissants. Car l’engagement pour ces personnes en quête de protection est en effet une tâche fondamentale reconnue par la société civile et nos Églises chrétiennes.
Néanmoins, nous avons le sentiment que, dans de nombreux cas, la dignité des personnes n’est pas suffisamment reconnue et respectée, en particulier dans le cadre des procédures de renvoi. La présence quotidienne de nos associations et de nos paroisses auprès des requérants d’asile et des migrants nous conduit à témoigner de ce que nous voyons et entendons. Le drame qui est survenu le 30 novembre, avec le suicide d’Alireza, un jeune Afghan en formation et plein d’avenir, a révélé l’ampleur de situations déshumanisantes, qui touchent des personnes résidant chez nous.
Nous nous interrogeons sur l’application de la loi, particulièrement de celle qui concerne l’asile et les étrangers, et sur sa mise en œuvre dans notre canton. Certaines applications strictes, voire brutales lors des renvois, mettent en cause la dignité même des personnes, tant celles qui les subissent que celles qui doivent les exécuter.
Nous tenons à rappeler que ces personnes ne doivent pas être considérées comme des numéros de dossier, mais des personnes à part entière, à accompagner avec humanité. Quand l’interprétation et l’application des lois deviennent inhumaines, nous aspirons à ce que sa lecture puisse évoluer. Notre rôle et notre responsabilité, que nous partageons avec chaque responsable politique ou citoyen de ce canton, sont de faire évoluer le bien commun vers plus de respect de la personne humaine et de sa dignité.
Là où l’humain lui-même est en jeu, nous, chrétiens, souhaitons qu’au-delà des peurs et des inquiétudes, nous ayons la force d’écouter notre conscience, pour que Genève soit et reste une terre d’accueil.