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Quand une église devient centre de dépistage

Mar 16, 2020 | Archive, Santé, accès aux soins

En raison de l’épidémie de coronavirus, l’église de la paroisse catholique-chrétienne de la ville de Bâle, la Predigerkirche, s’est transformée en annexe de l’hôpital universitaire de Bâle. Depuis le 9 mars, la bâtisse sert en effet de salle d’urgence pour le dépistage des patients susceptibles d’avoir été contaminés par le Covid-19. Jusqu’à 400 prélèvements par jour doivent y être effectués. Le point avec le curé Michael Bangert, responsable de la paroisse. Par ProtestInfo.

La semaine dernière encore, les services religieux de votre Église se tenaient dans la Predigerkirche. À présent, l’hôpital universitaire de Bâle y effectue des tests de coronavirus. Concrètement, comment les choses se déroulent-elles?
Le service d’examen de l’hôpital universitaire a commencé à fonctionner il y a quelques jours. Pour cela, la salle de l’église a dû être complètement vidée. Heureusement, nous avons des chaises et pas de bancs dans le temple, donc c’était relativement facile. Nous avons également amené tous les objets religieux dans le chœur de l’église. Ensuite, nous avons scotché le sol et érigé des murs de protection. Le complexe comprend une zone d’attente et plusieurs stations où des prélèvements sont effectués. Pour diverses raisons, notre église est idéale comme station d’accueil.

Pourquoi ?
Tout d’abord, la Predigerkirche est située juste à côté de l’hôpital universitaire. Rien que pour cela, il était évident de mettre notre espace à disposition. En outre, l’église offre une surface d’environ 500 à 600 mètres carrés. Enfin, le fait que l’humidité de l’air soit exceptionnellement basse en raison du chauffage par le sol a joué un rôle. Ce n’est pas bon pour les organes, mais optimal pour le confinement du virus, qui est principalement transmis via la projection de gouttelettes.

Était-ce l’idée de la paroisse de doter l’hôpital universitaire d’un bâtiment supplémentaire ?
Oui, nous voulions contribuer au bien-être de la société bâloise et avions réfléchi depuis longtemps à ce que notre Église pouvait faire pour la ville. Nous avons donc dans ce sens proposé à l’hôpital de mettre notre église à leur disposition en cas de besoin. Mais à l’origine, nous pensions plutôt à des scénarios tels qu’une catastrophe nucléaire ou un accident chimique.

Qui sera traité dans ce service d’urgence ?
Principalement des personnes qui ont un soupçon raisonnable d’être infectées par le virus. Ces personnes sont envoyées par l’hôpital universitaire, mais aussi par d’autres cliniques et médecins généralistes. D’autres viennent de leur propre initiative pour s’assurer qu’ils ne sont pas malades. Dans l’église, des prélèvements nasopharyngés et sanguins sont effectués. En fonction de leur gravité, les personnes dont le test est positif sont renvoyées en quarantaine chez elles ou hospitalisées.

Le coronavirus provoque une grande incertitude au sein de la population. Comment percevez-vous l’atmosphère sur le site ?
Pour des raisons de prévention, nous n’avons naturellement, en tant qu’employés de l’Église, aucun contact avec les patients. Cependant, je suis bien conscient que le coronavirus est un problème au sein de la communauté ecclésiale. Nous recevons de nombreux appels téléphoniques de paroissiens en demande parce qu’ils sont inquiets. Par exemple, ils veulent savoir où ils peuvent aller. Les membres les plus âgés sont conscients que le virus représente une menace pour eux. Mais il n’y a aucun signe d’hystérie ou de psychose face à cette épidémie. Il s’agit d’être responsable et de garder le sens des proportions.

En haut, le curé Michael Bangert et en bas, l’église © ref.ch