Espace d’accueil, proposant à la fois des expositions, des ateliers d’écriture ou de cuisine de saison, la nouvelle Maison de la diaconie de l’Église évangélique réformée vaudoise (EERV) à Lausanne est également un endroit pour souffler et méditer.

 

Boire un café, jouer aux fléchettes ou prendre un temps pour se poser. C’est un moment qu’apprécient nombre de visiteurs et visiteuses des « Jardins divers » qui ont ouvert leurs portes début février. Trois après-midi par semaine, les personnes du voisinage, des habitué.e.s de la pastorale de rue, des Roms viennent y faire une halte ressourçante.

Équipé de canapés, d’une machine à café et de jeux de société, le lieu se veut chaleureux et ouvert inconditionnellement à toutes et à tous. Les personnes en situation de précarité, suisses ou issues de la migration, à la recherche d’un emploi ou travailleurs actifs, les familles, les jeunes comme les vieux sont invité.e.s à s’y sentir comme « à la maison ».

Deux diacres travaillant à mi-temps animent le lieu, ainsi qu’une assistante sociale employée à 20% grâce au soutien de la fondation Fondia. Elle aide à résoudre les situations sociales complexes qui se présentent souvent. Depuis peu, Mustafa, un jeune stagiaire aspirant à la profession d’éducateur social donne également un coup de main, en plus des bénévoles.

Ce brand bâtiment adossé au temple de Sévelin, a été rénové et mis à disposition de l’EERV par la ville de Lausanne. Il est aussi fréquenté par une dizaine de groupes et d’associations. A midi, les enfants du parascolaire viennent y prendre leur repas. L’idée est de décloisonner au maximum, de favoriser les rencontres entre les différentes catégories de personnes.

L’endroit se distingue pourtant d’une simple maison de quartier. « La spiritualité reste au cœur de nos activités », explique la diacre Liliane Rudaz qui a porté le projet depuis le début. En témoigne cette paroi amovible de la grande salle du rez-de-chaussée qui reste ouverte sur le temple. Facilement, certaines personnes s’y rendent pour prier, se reposer ou méditer.

Le dimanche soir, la Pastorale de rue y propose une célébration, tandis que le dimanche matin, c’est l’Église chrétienne chinoise de Lausanne qui se réunit dans cette église construite dans les années 60. « Ma collègue projette de mettre en place des afterwork spirituels afin de proposer une offre spirituelle en semaine également, souligne Liliane Rudaz.

 

Transition écologique et sociale

 

Les « Jardins divers » portent bien leur nom. Car leur ambition est de développer des activités autour de la transition écologique et sociale. Un jardin de poche devrait ainsi voir le jour prochainement devant la bâtisse, tandis qu’une forêt urbaine poussera bientôt sur un terrain annexe. De quoi offrir une bouffée d’oxygène dans ce quartier plutôt dense.

« Dans la même veine, nous avons conçu des ateliers de cuisine avec des produits de saison. L’idée était de montrer qu’il n’est pas forcément onéreux d’être écolo, mais qu’au contraire il peut être très avantageux de cuisiner avec des produits locaux ». Un atelier zéro déchet a aussi proposé la confection de pancakes avec des bananes déjà bien mûres.

L’objectif est de se situer au croisement des activités sociales et culturelles aussi, avec notamment des expositions régulières de photographie ou de peinture. L’assistante sociale qui est également écrivaine, a proposé des ateliers d’écriture. Un projet de pièce de théâtre est à l’étude. Pour l’instant, ce sont les jeux de société qui rencontrent le plus de succès.

Le temple offre même un espace de coworking gratuit, installé sur la galerie de l’orgue. Un ordinateur et une imprimante sont à disposition des étudiants du quartier trop à l’étroit dans leurs appartements ou en mal de contacts sociaux. En contrepartie, ces derniers peuvent jouer les écrivains publics pour les personnes allophones qui auraient besoin de lire ou de rédiger une lettre ou un courrier administratif. Les besoins en la matière sont importants.

 

Complémentarité

 

La Maison de la diaconie fait partie de la plateforme des institutions offrant des activités à bas seuil dans la région de Lausanne. Elle travaille en complémentarité avec un autre espace d’accueil lausannois et le Centre social protestant qui fournit notamment une consultation juridique aux migrants européens qui veulent obtenir un permis de regroupement familial.

Il s’agit aussi de collaborer dans l’aide à la réinsertion par le logement. Car beaucoup de gens passent encore entre les mailles du filet. Ainsi, les familles de Roms, bien qu’issues d’un pays membre de l’Union européenne, peinent souvent à trouver un appartement. Les pères ont aussi besoin de soutien pour trouver un travail qui stabilise toute la famille. Et il faut accompagner la scolarité des enfants, car leurs parents n’ont jamais été scolarisés et ne comprennent pas l’importance de la présence à l’école ou sont incapables de lire les devoirs.

Les « Jardins divers » restent ouverts jusqu’à 19h30, de sorte à faire le joint avec l’ouverture des logements d’urgence. Certaines après-midis, ils peuvent accueillir jusqu’à 25 personnes et les vastes locaux deviennent soudain plus petits. En vue de l’été qui approche, l’équipe rénove donc des meubles de jardin qui seront installés devant le bâtiment. Une manière d’attirer l’attention des gens du quartier et de les inviter à un temps de partage.

A noter qu’un bénévole un peu particulier est souvent présent aux « Jardins divers ». Il s’agit de Tahïko, le berger australien de la diacre suffragante Monika Bovier. Il accompagne sa maîtresse des après-midis d’accueil. « Ce jeune chien est un vecteur important de lien social auprès des personnes les plus renfermées », explique Liliane Rudaz. Il permet d’engager la conversation et, de fait, il est souvent le premier à qui on adresse la parole.

Pour la diacre, la création de liens est une très belle manière d’être témoin de l’amour de Dieu, en proposant un endroit ouvert à chacune et chacun, sans discrimination.