Désigné « personne ressource » pour l’Ukraine  par l’EERV, Fausto Berto a coordonné jusqu’en début d’année l’aide offerte aux réfugiés dans le canton de Vaud. Un poste inédit qui lui a permis de voir l’importance pour l’Église de la collaboration avec la société civile.

 

Interpellée par la situation en Ukraine, l’Église évangélique réformée vaudoise (EERV)  a décidé de créer ce poste de coordinateur au printemps 2022. L’idée était de coordonner les initiatives et d’obtenir à l’intérieur de l’Église une vision d’ensemble sur les actions solidaires entreprises dans le canton. Un poste entièrement nouveau au sein de l’EERV.

« Mon objectif était d’assurer la communication et de faciliter le lien entre les coordinateurs sur place dans les paroisses, mais également en fonction des différents besoins et des situations locales », explique Fausto Berto. Ce pasteur, à la retraite depuis 2020, était bien placé pour assumer cette nouvelle fonction, puisqu’il travaillé durant 20 ans dans le domaine des solidarités dans la région de Lavaux. En 2012, il a ainsi créé l’Association des Bénévoles auprès des Requérant.e.s d’Asile de la Région de Lavaux (ABRAL) qui s’occupait des requérants d’asile arrivant alors de Syrie, d’Afghanistan, du Soudan ou encore d’Érythrée.

 

Visibilité

 

Une expérience qui lui a permis de créer un important réseau, constitué de bénévoles, de sympathisants, de membres actifs ou passifs de l’Association, de personnes intéressées à recevoir de l’information, mais également de personnes travaillant dans les communes vaudoises ou d’institutions cantonales comme l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM).

Le mandat de « personne ressource » visait également à informer et rendre visible l’aide offerte aux personnes fuyant la guerre en Ukraine. « J’ai regroupé les adresses et lorsque je recevais des demandes, je contactais le ministre de coordination, le président du conseil de paroisse et les présidents de région qui diffusait la demande dans leur réseau ».

Concrètement, le travail de coordination concernait essentiellement les échanges d’informations relatives à l’hébergement, aux aides alimentaires, aux cours de français, à la récolte de matériel, aux aides de première nécessité, aux dons, aux rencontres, à l’accompagnement pour la recherche d’emplois, ou encore aux aides à l’intégration scolaire des enfants ou à l’occupation de certaines cures.

 

Collaboration avec d’autres acteurs

 

Le pasteur vaudois retraité était en lien avec l’EVAM, la Direction générale des immeubles et du patrimoines, les cures appartenant à l’État de Vaud, mais aussi avec l’Église catholique dans le canton de Vaud pour coordonner les actions, ainsi qu’avec l’Église évangélique réformée de Suisse,  en participant à une task force qui faisait le lien avec les autorités fédérales. Il a également établi des liens avec l’OSAR par exemple, l’EPER ou la Croix-Rouge ainsi que diverses associations actives dans le domaine de la migration.

Au final, le coordinateur tire un bilan positif de son mandat. « J’ai eu l’occasion de voir les forces, ainsi que les manques ou les fragilités des diverses régions et constaté que chacune d’entre elles fonctionnait selon un rythme différent, avec son autonomie et les ressources dont elle disposait. La communication a notamment permis d’échanger des idées et de mettre en place parfois des activités complémentaires à ce qui existait déjà ».

De manière général, l’accueil des réfugié.e.s s’est bien passé, avec parfois quelques difficultés dues à la langue ou à la culture qui ont pu engendrer des incompréhensions sur le mode de vie ou dans les habitudes. Dès les débuts de la guerre, une septantaine de personnes en provenance d’Ukraine ont été accueillies dans la région de Gimel-Longirod par exemple, la coordination étant en bonne partie le fait du pasteur de la région.

De nombreuses initiatives citoyennes ont aussi été lancées dans la région du Chablais, les paroisses relayant les informations et faisant des dons exceptionnels.

 

Succès du réseautage

 

Parmi les réussites du travail de réseautage, l’ancien coordinateur cite le cas de cette famille monoparentale (une mère et sa fille) qui a pu rapidement s’installer dans un nouveau logement déniché en à peine deux jours et généreusement offert par des habitants de Pully. La mère orthophoniste était engagée par le logopédiste cantonal qui s’était en effet adressé à l’Église pour trouver un logement à proximité de son nouveau lieu de travail à Lausanne.

Un autre exemple concernait le besoin de certain.e.s Ukrainien.n.e.s de rencontrer des compatriotes. Le coordinateur a suggéré aux familles d’accueil répertoriées de communiquer aux réfugié.e.s des propositions de rencontres pour une sortie, des activités ou un repas,  contribuant à créer des liens entre Ukrainiens et ainsi à améliorer leur qualité de vie.

 

Une vitrine pour l’Eglise

 

Au final, l’EERV pourrait tirer les fruits de cette expérience dans le domaine de sa collaboration avec la société civile, estime Fausto Berto. Ce type de collaboration est pour l’EERV une vitrine vis-à-vis des personnes qui ne s’intéressent pas à la spiritualité ou à la vie cultuelle. Car les gens restent sensibles à ce qui se produit dans le domaine des solidarités. « C’est une fibre qui résonne fortement dans la société », relève le pasteur à la retraite. Si l’Église met en place des projets novateurs dans ce domaine, si elle montre ses compétences et son expérience, elle crée l’intérêt de ses partenaires dans la société civile. Pour nos contemporains, cela montre également que l’Église a bel et bien sa place au sein de la société et qu’elle constitue un exemple ».