Migrantes condamnées à devenir cheffes d’entreprise
Les femmes qualifiées issues d’un pays hors de l’Union européenne sont celles qui connaissent le plus de difficultés à s’intégrer au marché du travail en Suisse. Leur solution ? Créer leur propre entreprise. Par Camille Andrès, réformés.ch
Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 76% des travailleuses et travailleurs hautement qualifiés originaires de pays à revenus élevés n’ont pas de peine à trouver un emploi correspondant à leur niveau de qualification. Mais lorsque l’on provient d’un pays pauvre, ce taux tombe à 53%, même avec un diplôme suisse. Lorsque l’on est une femme, issue d’un pays hors de l’Union européenne, les choses se compliquent encore. Et pour les femmes qualifiées, mères d’enfants en bas âge et venues par la voie du regroupement familial, trouver un emploi dans son domaine d’activité devient une véritable gageure. Cela explique de nombreuses situations de déqualification, comme celle de cette enseignante devenue femme de ménage.
Ces lacunes sont connues. Pour Amina Benkaïs, déléguée vaudoise à l’intégration et cheffe du Bureau pour l’intégration des étrangers (BCI), parmi toutes les barrières structurelles qui existent, la principale reste le manque de reconnaissance des diplômes. « On peut mettre tous les fonds que l’on veut pour l’intégration, si l’on ne lève pas cette barrière, cela ne fonctionnera pas. » À Genève, Aurore Bui dirige Softweb, réseau d’innovation sociale féminin, qui aide notamment les femmes migrantes à lancer leur entreprise. « Pour beaucoup de ces femmes, ce choix est un plan B après avoir échoué à trouver un poste dans le secteur qui les intéresse : avocates, médecins … Pour autant, ce n’en sont pas moins de vraies entrepreneuses ! » Depuis 2019, avec l’aide du Secrétariat aux migrations, elle a lancé Softways.ch, qui propose des ressources pour l’entrepreneuriat féminin et les réseaux de pairs. L’idée est d’aider ces entrepreneuses du monde entier à trouver ce qui leur manque le plus après des mois voire des années de recherche d’un travail en Suisse : réseau local, financement … et confiance en soi.